4 décembre 2012

Mesa Cosa – The Infernal Cakewalk (2012)

Rawpowermag' suit les dernières innovations en matière de journalisme et vous propose donc une chronique en mode fact checking. Infernal et cakewalk font partie intégrante de la langue de Shakespeare ? Vrai. Mesa et cosa sont deux mots espagnols ? Vrai. C'est donc un album d'un groupe espagnol chantant en anglais, comme les Fumestones ou Wau y los Arrrghs ? Non. En fait, Rawpowermag' n'aime pas l'innovation, réussit toujours à introduire ses chroniques correctement, et ses rédacteurs se retrouvent tous les dimanches après-midi pour jouer à la belote dans la salle des fêtes derrière l'église de Brouzet-les-Quissac. Cet article poursuivra donc l'itinéraire habituel, c'est-à-dire la chicane avec double-ralentisseurs et panneau « zone 30 ».

Si aller en Australie est en dehors de vos moyens, une des dernières productions du label Casbah Records vous permet d'écouter une nouvelle figure de l'énergique (bordélique?) scène garage-punk australienne : Mesa Cosa*. Emmené par un chanteur d'origine mexicaine, les 6 membres du groupe ont une approche similaire à celle des Black Lips ou des porto-ricains de Davila 666 (C.M. Ruiz est d'ailleurs l'auteur de la pochette).

Dès le décompte en début de parole, « 666 » annonce la couleur garage-punk de l'album : ça joue vite, ça scande plus que ça ne chante, la production reste plutôt lo-fi... L'auditeur est donc prévenu : « 666 » est le mètre-étalon et le diable sera partout. Sur ce très bon morceau d’introduction, la guitare et le saxophone se croisent et viennent créer « le son » de The Infernal Cakewalk.

« Shoplifter » vient de suite marquer l'alternance avec un titre chanté en anglais et des chœurs (volontairement?) plus justes. Le texte est très simple et jouera probablement le rôle de slogan à reprendre à tue-tête lors d'un concert... L'univers s'assombrit avec la ligne de basse de « Frozen Eyes », mais l'angoisse nous étreindra peu de temps vu la charge animale du morceau suivant.

« Los Perros » est une course punk effrénée d'une minute aux paroles aboyées, jusqu'à ce qu'un break permette au morceau de dériver par manque d'oxygène dans un délire noise rempli de cris et d'échos. Pas le temps de reprendre ses esprits, la course rageuse reprend soudain à la 3ème minute pour une dernière pointe de vitesse sonore.

Sans être particulièrement original, « Day of the Dead »,est un des titres les plus lents de l'album avec un refrain repris par un chœur digne d'un pub, où chacun brandit le poing ou sa pinte.

L'héritage du garage hispanophone se fait nettement plus sentir et aborde le thème de l'identité avec « Hijo del Mal », qui reste nettement au-dessus du titre suivant « Diablo ».
« Monstro del Mar » commence par une supplique masculine qui ravira les amateurs de film bis, avant d'aspirer l'auditeur dans un tourbillon sonore marqué une basse entêtante et une guitare fuzz. Le refrain, martelé avec force, viendra définitivement s'ancrer dans notre oreille avant de nous rejeter mort-noyé sur les rives de la conscience...

En plus d'être un des tubes de cet album, « Chupacabra »s'accroche encore plus à la mythologie contemporaine puisque ce mot désigne un animal mythologique sud-américain, proche de l'ours ou du félin, s'attaquant aux troupeaux de chèvres afin de leur sucer le sang. Ça rappellera probablement le mythe, encore tenace au début du XXème siècle, du pishtaco : une sorte de vampire suceur de graisse terrorisant les campesinos des Andes. Pour en revenir à « Chupacabra », l'urgence et le plaisir du groupe à jouer ensemble se font largement sentir et on apprécie son côté déjanté.

Le larsen d'« Alcatraz », les bruits de respiration en introduction, la rythmique plus tranquille et les bends de guitare viennent annoncer la fin de l'album.

Pour un album enregistré dans un salon de Melbourne (Australie), initialement en auto-production, puis masterisé par Mickey Young (guitariste de Eddy Current Suppression Ring), The Infernal Cakewalk dépasse largement les attentes qu'on aurait eu d'une compilation de titres foutraques. Bien que Mesa Cosa exprime mieux son énergie en live, The Infernal CakeWalk vous coûtera moins cher qu'un Paris-Melbourne et vous enseignera quelques mots utiles d'espagnol.


John the Revelator... del Mar !

Tracklist :
« 666 »
« Shop Lifter »
« Frozen Eyes »
« Los Perros » 
« Day of the Dead »
« Hijo del Mal»
« Diablo »
« Monstro del Mar »
« Chupacabra » (bonus track)
« Alcatraz » (bonus track)


Audio :


Vidéo :

« 666 »

Une interview où vous apprendrez pourquoi Mesa Cosa n'aborde pas le thème des déceptions amoureuses et autres niaiseries, ou comment le batteur a été recruté à partir d'une affiche sans numéro de téléphone...

* Rawpowermag' ne reculant devant aucun risque, y compris de décevoir ses lecteurs hispanophones, sachez que le nom du groupe - Mesa Cosa - n'a pas grand chose à voir avec une quelconque « table de truc ». Une interview pour le site australien Tonedeaf (cf. vidéo) nous a appris qu'il était simplement sorti du cerveau de leur joueur de tambourin... Ne nous remerciez pas.

3 commentaires:

  1. Chouette decouverte, merci. Le passe a mon voisin...@+

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  2. Super disque c'est bien vrai ! Et "Alcatraz" est une reprise des Saicos. Sinon c'est cool qu'il soit pressé par un label français, on pourra avoir un disque australien entre les mains sans avoir à s'endetter sur plusieurs générations :D

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    1. Merd*, j'avais noté la reprise en plus :/ Oui les imports australiens sont assez chers et il me semble que ce sujet avait déjà été évoqué par un mec de Beast Rds dans le magazine Dig it! Enfin, je crois (le doute m'habite d'un coup...). Bref, content que ça plaise ;)

      John the Revelator

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