16 décembre 2012

A la croisée des chemins – Emergence d'un scène « alternative » californienne 80's (2/3)

2- Alternatif mon cher Watson

Bien avant que l'on se mette à parler de rock alternatif, émerge à Redlands en 1983, un groupe passionnant, les Camper Von Beethoven. Reprenant le DIY cher au hardcore dont ils étaient assez proches à leurs débuts, les Camper Von Beethoven vont proposer un cocktail improbable de punk, pop, country, ska, folk ou encore polka qui, encore aujourd'hui, étonne par sa fraîcheur et sa modernité.
Lorsque le groupe enregistre son premier album, Telephone Free Landslide Victory (1985), il se compose de David Lowery (chant/guitare), Jonathan Segel (violon - dont il ne savait pas jouer ! -, claviers), Chris Molla (guitare), Victor Krummenacher (basse) et Anthony Guess (batterie). Ce premier disque chez IRS Records, comprend 17 titres, dans des styles assez singuliers et révèle un excellent songwriter en la personne de David Lowery dont la plume bourrée d'humour illumine les compositions, renforçant le caractère déjanté du disque qui alterne morceaux chantés et instrumentaux !
De la pop enjouée de "Take the Skinheads Bowling" au délirant "The Day That Lassie Went to the Moon" en passant par la reprise déglinguée d'un titre de Black Flag ("Wasted"), ce Telephone Free Lanslide Victory est un chef d'œuvre aussi brillant qu'improbable (le groupe parle alors de "surrealist absurdist folk") qui eut de toute évidence une grande influence sur l'indie rock américain.
(http://grooveshark.com/#!/album/Telephone+Free+Landslide+Victory/200259



 

Enrichi de l'arrivée de Greg Lisher à la guitare, le groupe sort II&III, son deuxième album en 1986 qui pousse encore plus loin la formule, incorporant divers éléments issus du bluegrass ou du rock psychédélique (mandoline et sitar rejoignent le violon) même si, globalement, la folie du premier album s'est quelque peu dissipée au profit d'un style certes, toujours aussi débridé, mais bien moins cintré. Le disque contient entre autre "Sad Lover's Waltz", merveille de country pop et "I Love Her All the Time" de Sonic Youth à la sauce bluegrass.
Un poil plus lourd, Camper Von Beethoven (1987), leur troisième album, les voit expérimenter d'avantage, avec un humour toujours omniprésent (le titre « Stairway To Heavan ») et une belle version d' Interstellar Overdrive de Pink Floyd. Souvent oublié par les amateurs du groupe, ce disque mérite une réhabilitation en bonne et due forme.
(http://grooveshark.com/#!/album/II+and+amp+III/569056)




Malgré une signature chez Virgin, Chris Molla quitte le groupe. Camper Van Beethoven enregistre alors son premier album pour une major, Our Beloved Revolutionary Sweetheart (1988) qui, bien que reprenant les mêmes éléments qu'auparavant, sonne un peu plus mainstream, si tant est que cela ait un sens pour les Camper Van Beethoven. Souvent bien perçu par la critique, on peine à s'enthousiasmer pour ce disque qui ne retrouve pas la magie des précédents. Même constat sur Key Lime Pie (1989), dernier album du groupe avant un split inévitable, Segel ayant lâché le groupe juste avant son enregistrement suite à des dissensions...
(http://grooveshark.com/#!/album/Our+Beloved+Revolutionary+Sweetheart/328713)





David Lowery ne restera pas longtemps inactif, formant Cracker, excellent groupe d'alternative country dans les 1990's. Un Lowery qui reformera Camper Von Beethoven dans les années 2000 avec une poignée d'albums à la clé sans doute porté par l'incorporation de "Take the Skinheads Bowling" dans la BO de Bowling For Columbine de Michael Moore. Sorti l'an passé, Lowery a publié un très bon album solo et reste une personnalité incontournable de l'indie rock américain.

Quant à évoquer les précurseurs de l'alternative country, on ne saurait passer sous silence les Screamin' Sirens, un groupe féminin mêlant à une base country des éléments issus du punk, du funk et du rockabilly ! Originaire d'Hollywood, le groupe se compose des leaders Rosie Flores et Pleasant Gehman, de la bassiste Miiko Watanabe et de Casey Gomez, connu pour avoir tenu les fûts chez les Pandoras.
Le groupe est surtout célèbre pour son album Fiesta, sorti en 1984. Célèbre, tout est relatif mais disons qu'il a surtout permis à Rosie Flores de faire la carrière solo que l'on sait. Cet album, s'il présente quelques pistes sympathiques, souffre justement de la profusion des styles invoqués : entre le punk-rock de « The Runnin' Kind », le foutraque « Maniac », la country à papa de « Head For The Hills » et le funk de « Mr T luv Boogie », l'écoute du disque donne un peu le tournis. Contrairement aux Camper Van Bethoveen, les Screamin' Sirens apparaissent hésitantes même si elles essayent de compenser leur faiblesses à l'énergie. Pour être franc, elles n'ont pas le talent de leurs contemporains.
Reste un album quand même agréable bien qu'anecdotique.





Anecdotique... un terme que l'on ne peut accoler à la carrière de Beck Hansen. Difficile pour nous d'évoquer la scène alternative californienne sans faire un aparté sur le cas Beck. Certes, le garçon n'a sorti des albums que dans les années 90 (Golden Feelings en 1993) mais il est le rejeton de tous les courants musicaux qui ont traversé la Californie (Beck menant dans les 80's une vie de troubadour ), offrant un improbable mélange sonore, souvent brillant.
Catalysant tous ces courants, Beck est autant le rejeton des Camper Van Bethoven que de Son House ou du hip-hop.


Frank

suite et fin bientôt ! 

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